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Complexe ou Laminaire ?

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Mmouais…

Cela fait quelques temps que je vois passer ce mot dans le petit monde des surdoués et chaque fois je trouve bien confus ce que je lis autour de tout ça… sans pour autant prendre le temps de m’y arrêter.
A la faveur d’un commentaire récent de supernova, mais aussi des questionnements d’Alicante j’ai fini par aller regarder de plus près ce qu’il en était.

Au départ, on a donc un texte de Fanny Nusbaum qui est Docteur en psychologie et professeur associé à Lyon-III.

Texte clair, précis, simple… et qui me laisse pourtant, après sa lecture, avec un sentiment confus de malaise… quelque chose ne va pas, c’est trop… simple justement (à vue de nez, je dois être un HPI complexe)

Alors je relis, tente de comprendre

Et soudain, prendre conscience de cette phrase qui commence comme ça « Outre un QI Total supérieur à 125/130, communément admis pour valider le HPI en général […] »
Outre un QIT total supérieur à 125/130 communément admis…
Outre un QIT total supérieur à 125/130…
Outre un QIT total supérieur à …

Bon sang, mais c’est bien sûr !
QIT !
In QITo veritas !

Le nombre de commentaires qui mettent en avant un profil hétérogène (et pour lequel quand même, alors que les textes indiquent bien que lorsqu’il y a hétérogénéité forte entre les différents QI (Compréhension Verbale / ICV – Raisonnement Perceptif / IRP – Mémoire de Travail / IMT – Vitesse de Traitement / IVT), lorsqu’il y a plus de 20 points d’écart, il est illusoire de chercher à moyenne un QI pour tenter d’en extraire un QIT

Ce n’est pourtant pas faute pour Stéphanie Aubertin de nous l’avoir expliqué en long, en large et en travers : 130 de QI ne garantit pas le surdon. Ca valide juste qu’on a passé un test avec succès.

Pour valider le surdon, il faudrait doubler la passation de ce test d’une exploration cérébrale (EEG, scintigraphie, IRM…) qui montre les aires qui s’allument en plus grand nombre et ensemble, qui montre l’hyperperfusion sanguine, qui montre la rapidité de transmission des informations… Il faudrait aussi établir une anamnèse (aussi bien médicale que psychologique), ce qui permet aux thérapeutes sensibilisés de commencer à se faire une idée au delà des apparences. Pour mémoire, vidéo de Perrine Vandamme sur la détection des adultes sudoués.

Et ça permettrait ce faisant de valider le surdon chez des individus affligés de difficultés d’apprentissage telle que la dyslexie, ce que rappelle Michel Habib dans la vidéo rattachée aux termes EG, scintigraphie etc..
(Les présentations de Michel Habib sont d’ailleurs en ça toujours intéressantes, nourries des perceptions (ce qu’on constate – le comportement cognitif) mais aussi de la réalité neurologique).

C’est à la base ce point qui a conduit à ma recherche : le surdon est constaté de l’extérieur, on me dit qu’il existe, et il faut que je le croie… mais est-ce qu’il y a une réalité physique, «mécanique» à ce surdon ? Je suis comme St Thomas : il faut que je voie et que je touche pour y croire.
Un texte m’affirmant que ça existe ne peut me suffire, et c’est ça qui explique mon malaise à la lecture de celui de Fanny Nusbaum.

Et puis c’est un peu binaire tout ça, je trouve – Un peu sur le mode : au dessous de 130 (ou 125, on s’en fiche un peu) on n’est pas surdoué – au dessus on l’est.
Dit en très court : Les capacités on en a ou on n’en a pas. On a n’en a donc pas « un peu », ou « un peu plus », ou « un peu différemment », ou « beaucoup plus » – « un peu » ou « beaucoup » pouvant varier suivant des tas de contraintes (l’environnement, l’état de santé, l’humeur, l’état des connaissances…)

Après toutes ces études avalées sur le sujet, la conclusion est celle-ci : On peut être très performant aux tests, très intelligent, avoir un QIT de 130… mais sans pour autant être surdoué.
Et évidemment le contraire : on peut être sous-performant aux tests et pourtant être surdoué.
Donc au final, à QIT égal, certains seront surdoués et d’autres pas.

Et au regard de ce que j’ai lu, en gros, j’ai l’intuition qu’entre 130 et 140 de QI on a deux populations qui se mélangent : gens très performants sur le plan intellectuels, mais pas surdoués. Et surdoués. (Cette plage 130 / 140 n’engage que moi)

Comment s’y retrouver sans passer des IRM, EEG etc ?
Eh bien en commençant par observer plus finement les subtests qui sont à l’origine de ce QIT (ce que ne fait pas le texte qui présente les profils complexes et laminaires en partant de la seule observation du QI Total)
En effet, pour un même résultat, on peut avoir d’un côté une personne qui a atteint toutes ses limites dans les subtests (« techniquement » 13/14 sur tous les subtests ça peut donner du 130, avec une petite pointe à 15 sur le code / mémoire de travail) ; et de l’autre une personne avec des résultats hétérogènes, et surtout des substests qui témoignent du fait qu’elle n’a pas atteint ses limites (mais les limites du test oui), en particulier dans les subtests chargés en facteur g

Cette deuxième phrase, en quasi fin de texte au sujet des profils laminaires, de ce fait, aurait tendance à me confirmer ce que je ressens :
« les acquisitions sont en général régulières, sans dyssynchronie cognitive, cognitivo-affective ou psychomotrice, de sorte que l’on observe généralement des résultats assez homogènes aux échelles de Wechsler. »
1 – Terrassier a toujours insisté sur la dyssynchronie (cf le billet de Stéphanie Aubertin sur le sujet)
2 – Et la littérature est de plus en plus étoffée sur cette tendance forte à l’hétérogénéité chez les surdoués. La dernière thèse en date sur le sujet que j’ai trouvée va dans ce sens qui rappelle également combien l’hétérogénéité des composantes d’un QI ne permet pas de calculer un QI Total.

Deux profils bien différents avec pourtant le même résultat de QI à 130. Et les deux avec un sentiment de décalage, mais pas le même. Deux mondes différents pour un même résultat consolidé de QI.
D’un coté des HQI – Haut Quotient Intellectuel
De l’autre côté des surdoués (mot employé par défaut).

Alors je crois bien qu’un profil complexe c’est un surdoué;
Alors qu’un profil laminaire, ça a de très forte chances d’être « simplement » un HQI – dit de façon plus caricaturale un « neuro-typique » très performant. Ca n’empêche pas que ce puisse aussi être un surdoué bien adapté..

Mais là encore… : dans l’enfance « ça » peut passer. C’est à l’âge adulte que « ça » se corse, que « ça », cette adaptation à la conformité, finit par être insupportable. Et ici aussi peut se trouver une faiblesse de ce document qui parle de l’enfant… mais n’évoque pas l’adulte.
Il m’a été suggéré que les garçons se font plus vite remarquer que les filles et que la société leur accorde plus facilement d’entrer en rebellion (vous savez : « tuer le père« …) ce qui peut faciliter non seulement une vie chaotique (certes), mais aussi et quand même, la possibilité de trouver une voie personnelle de réussite. Alors que les filles, confrontées à la pression de la conformité, se conforment… jusqu’à fondre les plombs à l’âge adulte bien avancé (crise de la quarantaine par exemple).

Attention donc aux visions statiques qui laissent entrevoir des situations qui n’évoluent pas, alors qu’avec le temps tout évolue (petit rappel sur le rapport INSERM qui propose de détecter les futurs délinquants dès la maternelle…)

Je pense que la grille de lecture qui nous est proposée est une base pour réfléchir, mais qu’elle en appelle une autre, plus documentée, moins binaire et donc moins exclusive, et mise en perspective.. .qui aboutirait certainement à plus de profils, mais en même temps à moins de confusion et d’errements chez ceux qui ont besoin de se retrouver dans une case parce que le besoin d’appartenance est une grande constante pour se rassurer socialement (cf Monsieur Maslow)

Mais c’est ma façon de voir, et je me contente juste de la mettre sur la place publique parce qu’il me semble que le débat contradictoire (dans la mesure où chacun ne radicalise pas ses positions), ça fait toujours avancer les choses.

Dans ce cas là, le texte de Fanny Nusbaum permet en tous cas de bien mettre en lumière deux modes de fonctionnement bien différenciés, dont l’alliance dans le monde de l’entreprise ou même dans la sphère publique aurait un effet constructif, apporterait des progrès indéniables : les uns créatifs et les autres structurants, la dynamique générée par cette coopération faciliterait anticipation, réactivité et agilité face aux enjeux auxquels nous faisons face.

« Le monde que nous avons créé est le résultat de notre niveau de réflexion, mais les problèmes qu’il engendre ne sauraient être résolus à ce même niveau. »
C’est un propos que l’on prête à Albert Einstein – la réalité de son propos serait plutôt « Si l’humanité veut survivre et se développer il lui faut penser différemment » car c’est pour cette seule phrase que j’ai réussi à retrouver explicitement une référence au contexte dans lequel elle a été prononcée.

Je plaide pour le vivre ensemble, parce que si les surdoués sont reconnus comme handicapés (et je crains que le DSM-V n’ouvre la porte à ceci), une fois que le « handicap » sera reconnu, il signera la disqualification totale de personnes qui sont psychiquement normales mais dont le mode de fonctionnement est différent de la norme…
Sous couvert d’intégrer les surdoués en les considérant comme handicapés, on les exclura d’un monde dans lequel ils ont parfaitement leur place parce qu’il est normal que tout le monde ne soit pas rigoureusement pareil.
Je vous renvoie, pour mémoire au tout petit livre intitulé « Matin Brun » de Franck Pavloff ( ) qui me semble en quelque mots simples, être une mise en garde très lucide contre le totalitarisme rampant de la standardisation à outrance et de la pensée unique.

Et aussi à cette question que de nombreux psychiatres se posent : « Et si les troubles de la personnalité, tout comme l’intelligence, n’étaient qu’une construction intellectuelle ? »

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